L'analyse des EIGS déclarés, malgré leur très faible nombre, peut fournir des enseignements pour améliorer la prise en charge des patients dans les services d'urgence.

Les services d'urgence en France font face à de nombreux défis, notamment une augmentation continue du nombre de passages, des difficultés en ressources humaines et un accès parfois difficile aux lits d'aval

 

Ces tensions peuvent avoir un impact sur la qualité et la sécurité des soins. 

 

L'analyse des EIGS déclarés à la HAS, malgrè leur très faible nombre, peut néammoins fournir des enseignements utiles pour améliorer la prise en charge des patients dans ces services et contribue à sensibiliser les acteurs.

 

La HAS a analysé 195 EIGS en lien avec les services d'urgence, issus des déclarations reçues entre janvier 2022 et mars 2023 dans le cadre du dispositif national de déclaration. Il est important de noter que ces données sont basées sur les déclarations volontaires des professionnels et sont donc sujettes à une sous-déclaration importante. Elles n'ont pas de valeur épidémiologique ou statistique généralisable à l'ensemble des soins aux urgences.

 

Parmi les 195 EIGS analysés, 57% concernaient des hommes et 43% des femmes, principalement des adultes de plus de 20 ans. Les conséquences ont été graves, avec 68% de décès, 22% de mises en jeu du pronostic vital et 10% de probables déficits fonctionnels permanents. 

 

Les trois causes immédiates les plus fréquentes étaient les erreurs liées aux soins ou à l'organisation des soins, les erreurs de diagnostic et les actions du patient contre lui-même (tentatives de suicide, sorties à l'insu du service).

 

L'analyse des causes profondes a montré que de multiples facteurs étaient souvent impliqués, les plus fréquents étant liés :

 

- Aux patients (état de santé, antécédents...) dans 82% des cas

- À l'environnement de travail (charge de travail, locaux...) dans 74% des cas 

- Aux tâches à accomplir (protocoles, examens...) dans 72% des cas

- À l'équipe (communication, transmissions...) dans 69% des cas

- Aux professionnels (stress, compétences...) dans 53% des cas

- À l'organisation et au management (ressources humaines...) dans 37% des cas

- Au contexte institutionnel (politique régionale ou nationale) dans 31% des cas

 

Des défauts de barrières de sécurité (mesures de prévention) ont été identifiés dans 67% des EIGS.

 

À partir de cette analyse, la HAS propose 8 préconisations principales pour améliorer la sécurité des patients aux urgences :

 

1. Poursuivre la fluidification du parcours de soins des patients 

2. Assurer la sécurité des patients lors d'hébergements inadaptés

3. Mieux former les professionnels aux spécificités des urgences et au travail en équipe

4. Renforcer le partage des informations tout au long du parcours patient 

5. Sensibiliser aux risques d'erreurs diagnostiques et proposer des outils d'aide

6. Sécuriser la prise en charge médicamenteuse et l'utilisation des dispositifs médicaux

7. Mieux prévenir les actions du patient contre lui-même 

8. Renforcer l'implication de la gouvernance dans l'organisation des urgences

 

Cette analyse met en évidence plusieurs points critiques pour la sécurité des soins aux urgences, avec des causes multifactorielles impliquant l'ensemble des dimensions du système. 

 

Cependant, le très faible nombre d'EIGS exploitables (195) par rapport au volume d'activité des urgences souligne l'ampleur de la sous-déclaration, ce qui limite la portée des résultats. 

 

Source : Évènements indésirables graves associés aux soins (EIGS) en lien avec les services des urgences : une analyse des déclarations faites par les professionnels et les établissements de santé

Études et Rapports - Mis en ligne le 14 mai 2024

 

 

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