Les résultats d’une étude rétrospective sur un ensemble de données administratives nationales de 1 million de patients hospitalisés en Suisse a été récemment publiée. Elle a évalué les coûts excessifs associés à une sélection de16 événements indésirables sur la base des indicateurs de sécurité patient de l’AHRQ étasunienne (voir ci-dessous). 

Cette estimation ne permet pas de connaitre l’impact financier de l’ensemble des événements indésirables graves (dont la moitié environ sont évitables). Ainsi, les événements médicamenteux ne sont pas considérés alors qu’ils sont les plus fréquents. Aussi, des EIG ayant des conséquences désastreuses pour le patient et pour sa famille peuvent ne pas induire de surcoûts importants pour l’hôpital : c’est le cas notamment si un EIG a été responsable d’un décès prématuré sans passage en réanimation. De la même façon, les traumatismes obstétricaux n’ont qu’un très faible impact en termes de surcoûts hospitaliers alors que les conséquences peuvent être humainement et économiquement considérables : on pense notamment au déficit neurologique et au handicap du nouveau-né qui va impacter toute sa vie et nécessiter des prises en charge lourdes. 

Il faut retenir que l’impact calculé sur un nombre limité d’indicateurs est cependant conséquent. L’étude permet surtout de mieux documenter l’importance des mesures nécessaires pour améliorer la sécurité des patients : le cout total de l’ensemble des EIG dans les établissements a été évalué au minimum à 15% des dépenses d’hospitalisation dans les pays de l’OCDE.

Les auteurs ont comparé 8 986 cas avec l’un des 16 événements indésirables, identifiables à partir de la liste AHRQ, avec 26 931 cas témoins. Les coûts excessifs moyens associés aux événements indésirables liés à ces 16 événements allaient de 1 211 CHF (même montant en €) pour un traumatisme obstétrical avec instrument, à 137 967 CHF en cas de lésions rénales aiguës postopératoires. 

La moyenne des surcouts était de 27 409 CHF. Les événements indésirables étaient associés à des séjours plus longs de 7,8 jours, 2,5 fois plus de réadmissions précoces (dans les 18 jours) et des taux de mortalité en moyenne 4,1 fois plus élevés. Au niveau national, ces événements étaient associés à des coûts hospitaliers supérieurs de 347 millions de CHF en 2019, soit environ 2,2% des coûts annuels des hospitalisations en Suisse. L’agence propose aux décideurs politiques des investissements spécifiques en matière de sécurité des patients pour réduire les coûts et les souffrances.

La liste des indicateurs utilisés (PSI-AHRQ)

• Décès dans des GHS de diagnostics à faible mortalité 
• Ulcères de pression 
• Décès parmi les patients chirurgicaux avec complications graves et traitables
• Objets chirurgicaux ou dispositif médical oubliés
• Pneumothorax iatrogène 
• Infection liée à un cathéter veineux central 
• Chute avec fracture de la hanche 
• Hémorragie ou hématome postopératoire 
• Insuffisance rénale aiguë postopératoire nécessitant une dialyse 
• Insuffisance respiratoire postopératoire 
• Embolie pulmonaire peropératoire ou thrombose veineuse profonde 
• Sepsis postopératoire 
• Déhiscence de plaie postopératoire 
• Traumatisme de naissance - blessure au nouveau-né 
• Traumatisme obstétrical - accouchement vaginal avec instrument 
• Traumatisme obstétrical - accouchement vaginal sans instrument 

Impact des événements indésirables considérés sur les dépenses hospitalières en Suisse 

Source: Giese A, Khanam R, Nghiem S, Staines A, Rosemann T, Boes S, et al. (2024) Assessing the excess costs of the in-hospital adverse events covered by the AHRQ’s Patient Safety Indicators in Switzerland. PLoS ONE 19(2): e0285285. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0285285